Filmer le réel : dispositifs, stratégies, partis-pris (d’écriture, de tournage, de montage)
INTRO : Les Petits Maîtres du Grand Hôtelde Jacques DESCHAMPS, 2018 et Chante ton bac d’abord de David ANDRÉ, 2014.
PRÉAMBULE (évoquer Cursus : page « documentaire » + notes de cours)
- Ce corpus est constitué – à l’exception des 4 premiers exemples (et du film que nous venons d’évoquer) – de films documentaires de création, affirmant un point de vue subjectif sur le monde, une vision singulière (présence affirmée d’un regard).
- Il sera donc question d’écriture et de la place de l’auteur. Est-il simple témoin, en situation de co-construction, agit-il comme un écrivain créateur d’un monde (en surplomb) ? Laisse t-il le réel advenir (ou non) ou l’anticipe t-il au point de le mettre en scène d’une façon ou d’une autre?
- Il s’agit ici d’étudier, à partir d’exemples nombreux, différentes méthodes/dispositifs visant à représenter le réel : déterminer les différentes façons de porter un regard sur le réel, en étudiant les relations entre filmés et filmeurs avant tout; il sera donc question de distance (et de liens), de techniques (de tournage, de montage), de la relation aux lieux (au décor), de la place du narrateur. Et d’éthique, forcément.
- Nous aurons l’occasion de nous interroger sur la place du son : synchrone ou non, voix off ou non, musique extradiégétique ou pas?
- Le (long) cours est divisé en 6 parties : FILMS DE FICTION DOCUMENTÉS, DOCUMENTEURS / ÉCRITURE, AFFIRMATION D’UNE MISE EN SCÈNE / DÉCORS, INSTALLATIONS / VOIX OFF / MONTAGE, ARCHIVES / FILMER LES GENS, FILMER LE MONDE pour un peu plus de 50 films étudiés (à peu près 3 heures de projection en tout). La plupart des séquences associées à une catégorie donnée auraient pu l’être ailleurs, et souvent plusieurs fois.
DEUX CITATIONS EN GUISE D’INTRODUCTION
Guy GAUTHIER, Le documentaire, un autre cinéma, Nathan, 1995 :
« Retenons : il existe une catégorie de films sans acteurs, professionnels ou
amateurs, ou plutôt dans lesquels chaque personnage, spontanément ou sous
directives, interprète son propre rôle ; sans décors de studio ou décors naturels
détournés ; sans intrigue romanesque, c’est-à-dire étrangère à l’expérience
vécue par l’équipe de cinéastes, soit dans la période préparatoire, soit au cours
du tournage. »
François NINEY, L’Epreuve du Réel à l’écran, De Boeck Université, 2000 p.101, qui cite Jean-Luc GODARD (article icisur cet ouvrage):
« Mettons les points sur les «i». Tous les grands films de fiction tendent au documentaire, comme tous les grands documentaires tendent à la fiction (…) Et qui opte à fond pour l’un trouve nécessairement l’autre au bout du chemin. »
1: FILMS DE FICTION DOCUMENTÉS / DOCUMENTEURS
MacLAREN Michelle (Georges PELECANOS et David SIMON) The Deuce E01S01 2017
Par David SIMON, créateur des séries The Wire, Treme, et la mini-série Show me a Hero, qui livre la vision politique de l’ancien journaliste et écrivain qu’il est. Il a mis au point avec la série The Wire un réalisme qualifié de documentaire qui a entraîné dans son sillage un important travail sociologique et universitaire.
2009-2013 : Breaking Bad (10 épisodes)
2010-2011-2013 : The Walking Dead (2 épisodes)
2013-2014 : Game of Thrones (4 épisodes)
2016 : Westworld (1 épisode)
GREENGRASS Paul Bloody sunday 2002
(Ours d’Or à Berlin en 2002) Le film relate les événements du 30 janvier 1972 à Derry, au cours desquels 14 militants pacifistes sont morts. Les habitants de Derry (dont certains avaient manifesté 30 ans plus tôt) ont participé au film (ainsi que des soldats de l’armée britannique, des anciennes victimes patriotes de tous bords, des Républicains et des Nationalistes, sans oublier les forces spéciales irlandaises, chargées de la sécurité du plateau). Le film est tourné à la façon d’un reportage (caméra portée, immersion dans l’action, filmée minutes par minutes).
2002 : Bloody Sunday
2004 : La Mort dans la peau (The Bourne Supremacy)
2006 : Vol 93
2007 : La Vengeance dans la peau (The Bourne Ultimatum)
2009 : Green Zone
2013 : Capitaine Phillips (Captain Phillips)
2016 : Jason Bourne
MAÏWENN Le bal des actrices(Muriel Robin et Jacques WEBER) 2009
Le film Le Bal des Actrices, c’est l’histoire d’une actrice qui réalise un documentaire sur les actrices. Le filmse présente comme un faux documentaire, un « documenteur », un mock-documentary pour les anglophones. Il relève de la catégorie de l’indéterminé, bien définie par Umberto ECO dans L’œuvre Ouverte (publié en 1962). À propos : Documenteur est un film franco-américain réalisé par Agnès VARDA et sorti en 1981.
2006 : Pardonnez-moi
2009 : Le Bal des actrices
2011 : Polisse
2015 : Mon roi
2020 : ADN
KAREL William Opération Lune 2002
William KAREL, cinéaste documentariste réputé (Valéry Giscard d’Estaing, le théâtre du pouvoir en 2002, François Mitterrand. Un mensonge d’État passé sous silence en 2001, ou encore la série CIA, Guerres secrète en 200 ») réalise pour ARTE en 2002 un documenteur très réaliste, qui défend la thèse selon laquelle aucun cosmonaute américain n’a été sur la lune le 21 juillet 1969. Les images auraient été tournées dans le studio de 2001 L’Odyssée de l’espace, que Stanley KUBRICK était alors en train de tourner.
(…)
2003 : CIA, Guerres secrètes – 1989-2003, D’une guerre à l’autre, Les Mercredis de l’Histoire, Arte ;
2004 : Les derniers jours du sénateur McCarthy
2004 : Le Monde selon Bush
2019 : Le Monde selon Trump
2020 : Sous le soleil de Pialat
2: ÉCRITURE, AFFIRMATION D’UNE MISE EN SCÈNE
RESNAIS Alain Le chant du styrène 1958
Film de commande du groupe Pechiney, cinemascope, texte de Raymond QUENEAU dit par Pierre DUX, musique de Pierre BARBAUD, l’inventeur de la musique algorithmique, travellings, éclairage, 14 mois de préparation pour un film de 14 minutes.
1959 : Hiroshima mon amour
1961 : L’Année dernière à Marienbad
1974 : Stavisky
1977 : Providence
1980 : Mon oncle d’Amérique
1983 : La vie est un roman
1984 : L’Amour à mort
1986 : Mélo
1993 : Smoking / No Smoking
1997 : On connaît la chanson
2003 : Pas sur la bouche
2006 : Cœurs
2009 : Les Herbes folles
2012 : Vous n’avez encore rien vu
2014 : Aimer, boire et chanter
PAINLEVÉ Jean La Pieuvre 1928
Premier « film biologique » grand public de Jean PAINLEVÉ, touche à tout féru de sciences et de cinéma; le jeune réalisateur s’est installé un studio dans la maison de sa belle-famille en Bretagne et signe là un documentaire véritablement avant-gardiste, bien inscrit dans son époque; au sujet des séquences teintées, on parle de « surréalisme zoologique ».
NURIDSANY Claude et PÉRENNOU Marie Microcosmos (faisan) 1995
NURIDSANY Claude et PÉRENNOU Marie Microcosmos (coccinelle) 1995
Évoquer le mini-studio (1 m2 d’herbe de prairie) du couple de biologiste passé par la macrophotographie avant de se lancer dans le cinéma; storyboard, casting, éclairage, mouvements de caméra sophistiqués, références cinématographiques, etc.
1996 : Microcosmos : Le Peuple de l’herbe
2004 : Genesis
2011 : La Clé des champs
METZ Janus Armadillo 2010
Cinéaste danois, METZ dit avoir voulu faire sur la guerre en Afghanistan un « documentaire de l’esprit », quelque chose de psychologique. Caméras haute définition qui dramatisent l’action, immersion de plus de 3 mois dans une unité danoise, à l’initiative de l’armée, qui souhaitait « redorer son blouson »; musique ED très présente, effets de mise en scène qui s’apparentent à la fiction. Le film recevra le prix de la semaine de la critique à Cannes, sélection qui n’avait jamais accueilli de documentaire jusqu’à lors. Effet permanent de brouillage, voire d’hybridation entre la fiction (cinéma, jeu vidéo) et la non-fiction (documentaire, reportage).
2010 : Armadillo (documentaire)
2015 : True Detective (série télévisée), saison 2, épisode 3 Peut-être demain
2017 : Borg McEnroe
2018 : Heartbound: A Different Kind of Love Story (documentaire), réalisé avec Sine Plambech
2020 : ZeroZeroZero (série télévisée), épisodes 3-4-5
KNAUFF Thierry Vita Brevis 2014
Cinéaste belge; Fin du printemps/début de l’été sur la rivière Tisza en Hongrie : c’est l’éclosion de millions de Palingenia longicauda, les plus grandes mouches d’Europe, des éphémères qui ne vivent que quelques heures.
LABARTHE André S et ANDREU Anne Adieu Rita 1987
Cinéma, Cinémas est un magazine de cinéma diffusé sur Antenne 2 de janvier 1982 à novembre 1991, produit par le réalisateur Claude Ventura, la journaliste Anne Andreu et le critique Michel Boujut (WIKI). « L’émission attrapait le cinéma par tous les bouts, dit André S. Labarthe, créateur de Cinéastes de notre temps et collaborateur de la première heure. Nous en prenions tous les ingrédients, sans véritable souci de hiérarchie. » C’était un travail d’orfèvres et de bricoleurs, sans soucis des droits, qui maintenant rendraient impossible une telle démarche, qui s’inscrit dans la mouvance de l’élection de François MITTERAND.
DENIS Claire Jacques Rivette, le veilleur (II. La nuit)1990
Une autre série de films documentaires sur le cinéma, la série Cinéastes de notre temps (devenue Cinéma, de notre temps en 1989), créée en 1964 par Janine BAZIN et André S. LABARTHE. Claire DENIS réalise ici un portrait en deux volets (entretien avec Serge DANEY) du cinéaste Jacques RIVETTE. En 2020, le festival « Visions du Réel » (Nyon, Suisse) rend hommage à Claire DENIS en lui décernant le Prix « Maître du Réel » : « Au-delà des documentaires qu’elle a réalisés, Claire Denis entretient de façon singulière et délicate un rapport récurrent au réel dans la fiction, voire même dans la science-fiction. En ménageant l’espace nécessaire aux vides et aux creux pour rendre compte de ce que le jeu ou la mise en scène ne peuvent traduire, dans le rythme du montage, ou dans l’exploration des corps et du désir, la fiction se gonfle d’une matière réelle. […] Claire Denis tisse des objets cinématographiques à la fois modernes et aventureux, hésitant joyeusement entre austérité formelle et sensualité euphorique. »
1988 : Chocolat
1990 : S’en fout la mort
1996 : Nénette et Boni
1999 : Beau Travail
2001 : Trouble Every Day
2010 : White Material
2017 : Un beau soleil intérieur
3: DÉCORS, INSTALLATIONS
FERRARI Pepita L’Art du réel le cinéma documentaire 2008 (Fond noir)
Le film, produit par l’ONF (Office National du Film au Québec), c’est 40 réalisateurs-trices de documentaire issu-e-s de 14 pays. Il est visible ici : https://www.onf.ca/film/art_du_reel/ avec un site bonus ici : https://www.onf.ca/interactif/artdureel
NAUDET Jules et Gédéon 13 novembre fluctuat nec mergitur 2018
« Chaque témoin a été installé, seul, dans un studio entièrement noir, « isolé du reste du monde » pour témoigner de son 13 novembre « face à la caméra sans même voir l’équipe de tournage », dissimulée derrière de grands draps noirs. « Ainsi, on donne l’impression que chacun parle au téléspectateur, droit dans les yeux », déclare Jules NAUDET.
« Il s’agissait de créer une espèce de bulle où oublier le monde extérieur », poursuit-il. Ils se replongent dans le drame, « en racontant au présent ». Huit mois de préparation et de rencontres ont été nécessaires pour instaurer la confiance. « On leur a raconté notre expérience du 11 septembre, les étapes de notre propre traumatisme dont ils étaient très curieux », continue Gédéon NAUDET. « Ils expriment des choses que l’on partage entre survivants », ajoute-t-il, « ils sont eux-mêmes surpris d’en raconter autant, comme en thérapie ». » (franceTVInfo.fr)
2002 : New York : 11 septembre
BAKER Frederick L’ombre du Troisième homme 2004
Il s’agit cette fois de filmer les témoins sur les lieux mêmes du tournage (la ville de Vienne) et de projeter des extraits du film sur des éléments d’architecture ou des objets en liens avec le film, en jouant sur la perte d’informations (l’image est souvent tronquée, déformée, anamorphosée) et donc l’enrichissement du message graphique (matières, formes, etc).
BLIER Bertrand Hitler connais pas 1963
Le jeune Bertrand BLIER réalise là son tout premier film et le seul documentaire de sa carrière. Il filme une jeunesse plutôt désabusée et apolitique (11 jeunes gens de 15 à 22 ans issus de milieux sociaux très variés). Le film sera interdit aux moins de 18 ans et retiré de la sélection cannoise. BLIER contraint ici ses témoins au rituel du cinéma de fiction : studio, maquillage, lumières, essais de voix, etc.
1974 : Les Valseuses
1976 : Calmos
1978 : Préparez vos mouchoirs
1979 : Buffet froid
1981 : Beau-père
1983 : La Femme de mon pote
1984 : Notre histoire
1986 : Tenue de soirée
1989 : Trop belle pour toi
1991 : Merci la vie
1993 : Un, deux, trois, soleil
1996 : Mon homme
2000 : Les Acteurs
2003 : Les Côtelettes
2005 : Combien tu m’aimes ?
2010 : Le Bruit des glaçons
2019 : Convoi exceptionnel
CLOUZOT Henri-Georges Le Mystère Picasso (format 1,37 au 2,35) 1956
Ici aussi, le cinéaste connu pour ses longs métrages de fiction (Le Corbeau, Le Salaire de la peur, ou encore La Vérité) réalise son unique documentaire. Il filme une conversation (entre deux artistes – CLOUZOT lui-même étant féru de peinture et peintre à ses heures – entre deux arts) qui vise à percer un mystère, celui de la création artistique. Clouzot déclare en 1970 : « Quand la caméra a son mot à dire, je crois qu’il ne faut pas l’alourdir par du dialogue qui ne peut que distraire l’esprit des images ».
https://www.clouzot.org/le-mystere-picasso/ : « Au printemps 1955, Picasso fait part d’une récente découverte à Clouzot : des feutres-pinceaux inventés par un graveur américain, trempés dans des encres spéciales.
Ces feutres et encres ont la propriété de traverser le papier sans baver et d’inscrire au verso les traits exacts dessinés au recto. Clouzot décide alors de filmer, non pas Picasso en train de créer, mais sa création elle-même, débarrassée de l’outil et de la main du peintre.
La caméra de Clouzot, cadrant la toile (un papier calque) du côté opposé à celui de Picasso restitue au public le geste artistique en transparence et, par là même, le cheminement de la pensée du créateur à l’œuvre. Puis, le film passe à la couleur : peintures à l’huile, plus classique, filmées en cinémascope image par image.
Lorsque Picasso peint à l’huile, la technique est différente. Clouzot place sa caméra derrière le peintre et photographie la toile à chaque évolution, tandis que Picasso s’écarte. Pour suivre fidèlement les proportions des toiles, le format de tournage s’adapte.
Ainsi, le film sera le seul à employer successivement le noir et blanc et la couleur, et deux formats (1,66 et scope). Parallèlement, la bande sonore suit la même évolution : on n’entend d’abord que le crissement du feutre sur le support papier ; puis ce sont des mesures de guitares ou des solos de batterie évoluant jusqu’à la plénitude de l’orchestration de Georges Auric accompagnant l’œuvre en phase d’achèvement. »
1942 : L’assassin habite au 21
1943 : Le Corbeau
1947 : Quai des Orfèvres (également dialoguiste)
1953 : Le Salaire de la peur (également dialoguiste et producteur)
1955 : Les Diaboliques (également producteur)
1956 : Le Mystère Picasso (également producteur)
1960 : La Vérité
1964 : L’Enfer (inachevé)
DEPARDON Raymond et IKHLEF Roger Les Années déclic 1983
Véritable autoportrait d’un artiste (les images montrées et commentées ont été produites par DEPARDON lui-même entre 1957 et 1977). Le dispositif simple et traditionnel du rétroprojecteur est ici utilisé (et non du banc-titre, appelé aussi banc d’animation) est ici adapté et intelligemment détourné pour permettre de filmer les images et le manipulateur qui n’est autre que le cinéaste lui-même, entouré de son équipe, comme on l’entend à la fin. Roger IKHLEF avait fait venir deux caméras Mitchell des États-Unis car les magasins permettaient de bénéficier de 11 minutes d’enregistrement d’affilée. Deux projecteurs aussi dans le studio. Une semaine de tournage (article essentiel ici).
1981 : Reporters
1982 : San Clemente
1983 : Faits divers
1984 : Les Années déclic
1987 : Urgences
1994 : Délits flagrants
2001 : Profils paysans : L’Approche
2004 : 10e chambre, instants d’audience
2005 : Profils paysans : Le Quotidien
2008 : Profils paysans : La Vie moderne
2012 : Journal de France, coréalisé avec Claudine Nougaret
2016 : Les Habitants
TRIVIDIC Pierre et BERNARD Patrick Mario Le Cas Howard Phillips Lovecraft 1998
Le film, réalisé pour la série de France 3 Un siècle d’écrivains, est une tentative de « biographie psychique ». Le décor (un appartement vétuste qui constitue ici son paysage mental) peut-être vu comme l’appartement new-yorkais où l’écrivain vécut des années difficiles. Mais c’est avant tout un décor construit de toute pièce, sombre, poisseux. Les réalisateurs n’avaient que peu de documents ou d’archives sur l’écrivain : une vingtaine de photos, pas de bande son, pas d’images animées, mais une silhouette noire découpée dans du carton, comme cela se pratiquait à l’époque… Cette silhouette agrandie à l’échelle 1 devient ici la persona de l’écrivain, une sorte de personne fictive assignée d’un certain nombre d’attributs. (voir La Critique d’art à l’écran (Tome 2): Filmer la littérature sous la direction de Sylvain DREYER et Dominique VAUGEOIS. (Voir aussi le making of du film par Cati COUTEAU).
PHILIPPE Alexandre O 78/52 les derniers secrets de Psychose 2017
78 plans et 52 coupes pour 45 secondes filmées sur 7 jours (un tiers du temps de tournage du film entier) pour un coût de 62000 dollars. Le réalisateur, connu pour The People vs George Lucas (2010) ou encore Doc of the Dead (2014, film sur le genre Zombie) invite ici ses témoins à s’installer dans un décor semblable à la chambre de Marion CRANE (incarnée par Janet LEIGH) dans Psychose (1960).
MONRO Grégory Kubrick par Kubrick 2020
Un autre exemple de construction de décor pour un film documentaire; cette fois il s’agit de reproduire l’appartement néoclassique de la fin du film 2001 L’Odyssée de l’Espace. Projeter les deux images du réalisateur dans le décor construit pour l’occasion.
Le cinéaste n’a donné dans sa vie que peu d’interviews, sauf au journaliste français Michel CIMENT, qui l’a rencontré et enregistré 4 fois pendant des heures (un peu sur le modèle des entretiens entre François TRUFFAUT et Alfred HITCHCOCK).
4: VOIX (IN/OFF)
MARKER Chris Lettres de Sibérie 1957
Premier long métrage – une commande de l’association France-URSS – du réalisateur de La Jetée (1962). MARKER, à l’instar de ses pairs VARDA et RESNAIS, assume clairement la subjectivité de son regard sur le monde. Ce documentaire espistolaire (les images sont commentées par une voix off – celle de Georges ROUQUIER (Farrebique / Biquefarre)- et la présence de nombreuses musiques qui en font un aussi documentaire musical.
1953 : Les Statues meurent aussi, 30 min, coréalisé avec Alain Resnais, (DVD)
1955 : Nuit et brouillard, 32 min, assistant d’Alain Resnais, (DVD)
1957 : Lettre de Sibérie, 62 min
1962 : La Jetée, 28 min,
1963 : Le Joli mai, 165 min
1966 : Si j’avais quatre dromadaires, 49 min
1967 : Loin du Viêt Nam, 115 min, film collectif.
1977 : Le Fond de l’air est rouge, 240 min (remonté en 1993 et diminué à 180 min)
1983 : Sans Soleil, 100 min
1985 : A.K., 71 min (sur Akira Kurosawa)
1992 : Le Tombeau d’Alexandre, 120 min
CAVALIER Alain Le paradis 2014
Le cinéaste, suite à quelques déboires vécus sur des tournages de films de fiction « traditionnels », devient Le Filmeur dès 2005, grâce en particulier à une petite caméra DV qui lui permet de travailler seul. La voix entendue (et chuchotée) est enregistrée en même temps que l’image par le cinéaste lui-même. On pense à l’épisode qu’il a réalisé pour l’émission Cinéma, Cinémas en 1982 (CAVALIER Alain Lettre d’un cinéaste sur Thérèse 1982).
« J’ai tourné mon premier film avec une caméra qui faisait un bruit de machine à coudre. Mes films suivants avec une caméra énorme, blindée, pour ne pas entendre le bruit de sa mécanique. Aujourd’hui, comme un prolongement de mon cerveau, dans ma main, au chaud, je tiens une caméra fraternelle. Voilà toute l’histoire de ma vie et mon bonheur de la terminer en filmant librement à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Je rejoins mes amis peintres, écrivains, musiciens. Je fais partie d’un mouvement précis dans l’histoire du cinéma : filmer à la première personne. » (dossier de presse accompagnant la sortie de 6 portraits XL, 2017). J’ai montré en entier La Dame Lavabo (1987).
1962 : Le Combat dans l’île
1964 : L’Insoumis
1968 : La Chamade
1976 : Le Plein de super
1979 : Ce répondeur ne prend pas de message
1986 : Thérèse
1987 : 24 portraits d’Alain Cavalier (1re partie)5
1991 : 24 portraits d’Alain Cavalier (2e partie)
1993 : Libera Me
2001 : René
2004 : Le Filmeur
2009 : Irène
2011 : Pater
2014 : Le Paradis
CABRERA Dominique Demain et encore demain (journal 1995) 1998
Réalisatrice et actrice française née le 21 décembre 1957 à Relizane en Algérie. Elle a enseigné le cinéma à La Fémis, à Harvard et à l’université Panthéon-Sorbonne. Ses premiers documentaires parlent de la vie sociale en banlieue (Chronique d’une banlieue ordinaire en 1992 et Une poste à La Courneuve en 1994). Elle alterne fiction et documentaire. Celui-ci est son premier long métrage documentaire, un journal intime (un des premiers journal intime tourné en vidéo et diffusé en salle).
1988 : Ici là-bas – documentaire21
1992 : Chronique d’une banlieue ordinaire (musique de Jean-Jacques Birgé)22 – documentaire
1994 : Une poste à la Courneuve24 – documentaire
1997 : Demain et encore demain, journal 1995 – documentaire26
2010 : Ranger les photos – court-métrage documentaire31
2013 : Grandir – documentaire33
2013 : Goat Milk – court-métrage documentaire 34
VARDA Agnès Ulysse1982
Ulysse est un documentaire français écrit et réalisé par Agnès Varda en 1982, lauréat du César du meilleur court métrage et présenté en sélection officielle au Festival de Cannes 1983.
1954 La Pointe courte
1961 Cléo de 5 à 7
1964 Le Bonheur
1966 Les Créatures
1969 Lions Love and Lies, en anglais
1970 Nausicaa, disparu
1975 Daguerréotypes, documentaire
1976 L’une chante, l’autre pas
1980 Murs murs, documentaire
1981 Documenteur
1985 Sans toit ni loi
1987 Jane B. par Agnès V.
1987 Kung-Fu Master
1990 Jacquot de Nantes
1992 Les Demoiselles ont eu 25 ans, documentaire
1993 L’Univers de Jacques Demy, fini en 1995, documentaire
1994 Les Cent et Une Nuits
2000 Les glaneurs et la glaneuse, documentaire
2002 Deux ans après, documentaire
2006 Les plages d’Agnès, documentaire
DEPARDON Raymond Profils paysans : la vie moderne 2008
Une voix, un accent, l’histoire d’un accent… et le requiem de Gabriel FAURÉ. Au début du générique, un hommage, une reconnaissance, une dette… à l’égard de l’ingénieur-inventeur des caméras Aäton, Jean-Pierre BEAUVIALA.
BAUDRE Thomas Depuis les champs 2019
Étudiant d’Arts Plastiques de Rennes 2 qui a réalisé seul (musique originale Benjamin DAGUÉ) ce documentaire animé (visible entièrement ici). Évoquer le film Flee de Jonas Poher RASMUSSEN, coproduit par Vivement Lundi! et gagnant au festival de Sundance et d’Annecy, en lice pour les Oscars.
CHAILLOU Etienne et THÉRY Mathias La Cravate 2020
« Bastien, 20 ans, s’est confié aux réalisateurs lors d’entretiens qui fournissent la matière d’un récit aux accents flaubertiens. Ce dernier est à la fois la voix off du film, un peu à la manière de la série de films de François Truffaut sur Antoine Doisnel. Mais le récit est également lu par Bastien face à la caméra, selon un dispositif original, qui permet au protagoniste de réagir à la manière dont les réalisateurs le présentent et de donner son accord à la divulgation de telle ou telle information, selon une sorte de pacte entre Bastien et les réalisateurs qui garantit l’honnêteté du film. » (https://esprit.presse.fr/)
« M.T. – Nous avons travaillé comme on le fait d’habitude : l’un écrit une version, l’autre s’en empare et la pousse plus loin avant de la renvoyer au premier… jusqu’à que nous soyons tous les deux satisfaits.
E.C. – Pendant le tournage nous prenions des notes, le travail de rédaction s’est fait ensuite et a duré neuf mois. Nous avons dû faire un pré-montage car le texte devait correspondre aux images. Peu à peu, nous avons compris comment régler la voix-off. On partait d’un texte très écrit, et dès qu’il devenait sonore, il prenait trop de place par rapport à l’image, il pouvait paraître redondant. Nous avons dû raccourcir, préciser les termes, éviter les descriptions.
M.T. – Il y a des moments où l’image vient valider ce que dit la voix, parce qu’à certains moments il faut qu’il y ait la preuve par l’image. Mais parfois ce n’est pas nécessaire, l’image donne le cadre et le texte s’intéresse à ce qu’il se passe dans la tête du personnage, à ce qui est invisible. C’était un long travail d’écriture et de montage en parallèle. Mais ce n’était encore qu’un pré-montage car nous allions devoir chambouler le tout après l’étape suivante du tournage : la découverte du texte par Bastien. » (http://leblogdocumentaire.fr/cravate-etienne-chaillou-mathias-thery-presentent-nouveau-film/)
FILIPPE Jean-Teddy Les Documents interdits 1989
Série de 13 courts-métrages réalisée (et mise en scène) par Jean-Teddy Filippe et diffusée sur la Sept (Arte) et France 2 entre 1986 et 1989. On dit que cette série, qui a eu un retentissement mondial, est à l’origine de films (mockumentary) comme le Blair Witch Project (Daniel MYRICK et Eduardo SÁNCHEZ, 1999) ou Paranormal Activity (Oren PELI, 2007) par exemple.
5: MONTAGE, ARCHIVES
VERTOV Dziga L’homme à la caméra 1929
Film documentaire et expérimental, musical (et néanmoins muet), poétique, auto-analytique, véritable mise en abîme d’un « cinéma vérité » tel que définit par le cinéaste lui-même (Kino-Pravda). Il est un archétype, le film manifeste d’une conception politique du cinéma, d’une esthétique du hasard mis en scène.
« Son manifeste « Kinoks-Révolution » (Ciné-Œil), publié dans la revue LEF en juin 1923, affirme sa volonté de fonder un cinéma totalement affranchi de la littérature et du théâtre, écartant le recours à un scénario, montrant grâce à la caméra, « œil mécanique », « la vie en elle-même », et formant des « hommes nouveaux » réconciliés avec la machine. » (Wiki)
MacDONALD Kevin prod SCOTT Ridley et Tony Life in a Day (24 juillet 2010) 2010
Pur film de montage, il s’agit ici de confier les images aux « amateurs » du « monde entier » (guillemets à commenter). Partenariat entre le site de partage YouTube, Ridley Scott Associates et LG electronics. Un second film a été réalisé selon le même principe en 2020, il s’agit de Life in a day 2020, disponible sur YT. La version 2010 c’est 80 000 vidéos envoyées sur YouTube venues de 197 pays dans 45 langues, 4500 heures de matériel à réduire et à structurer en 95 minutes. Les contributeurs sont crédités comme co-réalisateurs. Film monté par Joe WALKER (Sicario, Blade Runner, Dune, Premier Contact…).
1999 : Un jour en septembre (One Day in September) Sur la prise d’otages onze athlètes israéliens lors des Jeux olympiques de Munich en septembre 1972, Oscar du documentaire
2003 : La Mort suspendue (Touching the Void)
2006 : Le Dernier Roi d’Écosse (The Last King of Scotland)
BERTRAND Yann-Artus Human 2015
« Qu’est-ce qui nous rend humains ? Est-ce le fait d’aimer, est-ce le fait de lutter ? Le fait de rire ? De pleurer ? Notre curiosité ? Notre quête de découvertes ?
Poussé par ces questions, le réalisateur et photographe Yann Arthus-Bertrand a passé trois années à collecter les histoires de 2 000 femmes et hommes dans 60 pays. Avec son équipe passionnée de traducteurs, journalistes et cameramen, Yann a capturé en profondeur les émotions et les sujets qui nous unissent tous : les luttes contre la pauvreté, la guerre, l’homophobie et le futur de notre planète, mêlées à des moments d’amour et de bonheur. » Human, le film, disponible sur Youtube (https://www.youtube.com/watch?v=b_bCtOm2J1U)
cf film samsara
2009 : Home, documentaire (disponible gratuitement sur internet) diffusé aussi au cinéma, sorti le même jour.
2012 : Planète Océan, documentaire (disponible gratuitement sur internet)
2015 : Human, documentaire (disponible gratuitement sur internet), diffusé du 12 au 22 septembre 2015 dans certaines salles de cinéma françaises, ainsi que sur France 2 le 29 septembre 2015.
2019 : Woman, documentaire (co-réalisé avec Anastasia MIKOVA)
MOORE Michael Bowling for colombine 2002
Le cinéaste polémique et politique est passé maître dans l’art du montage et de la manipulation. Sa méthode (depuis Roger & me en 1989, puis avec Fahrenheit 9/11 Palme d’or à Cannes en 2004) est toujours la même : le cinéaste lui-même se présente en « candide » face à ceux qu’il entend dénoncer (les politiques, les lobbyistes, etc) et leur arrache souvent des aveux ou bien il parvient à mettre en lumière leurs contradictions. Ses films permettent par ailleurs de se poser une question essentielle : est-ce qu’un cinéaste a tous les droits, à partir du moment où il se pense « du côté de la vérité »? N’est-ce pas là le prétexte de tout cinéma de propagande?
1989 : Roger et moi (Roger and Me)
2002 : Bowling for Columbine, prix du 55e Festival de Cannes
2004 : Fahrenheit 9/11, Palme d’or du 57e Festival de Cannes
2007 : SiCKO, hors compétition durant le 60e Festival de Cannes
2009 : Capitalism: A Love Story
2016 : Michael Moore in TrumpLand
2018 : Fahrenheit 11/9
TF1 reportage station ski en un plan 2009
Terminons cette série d’exemples visant à montrer quel(s) lien(s) le montage entretient avec la vérité par un cas : le plan séquence dans un journal télévisé.
LESPERT Jalil Chambre 2806 L’affaire DSK E02 2020
Exemple parmi tant d’autres de films documentaires revenant sur un sujet « brûlant », en alternant entretiens et archives travaillées (ralentis, musique, recadrage, etc…). Réalisée par le Français Jalil LESPERT, comédien (Ressources humaines, Le Petit Lieutenant, etc) et réalisateur (Yves Saint Laurent, Le Dindon), qui signe ici son premier documentaire, il s’agit d’une série de 4 épisodes, pur produit « Netflix », destiné au public le plus large et au ton très offensif.
GOUPIL Frédéric L’Île du film perdu (début) 2020
L’histoire d’un projet maudit (comme le fut le Don Quichotte de Terry GILLIAM en 2000, tournage catastrophe dont le documentaire Lost in La Mancha de Keith FULTON et Louis PEPE rend compte en 2002), d’un film de Marcel CARNÉ écrit par Jacques PRÉVERT (La Fleur de l’âge) sur la base d’un fait divers terrible : l’évasion dans les années 30 d’enfants du bagne de Belle-Île, évasion suivie d’une chasse à l’enfant. Quelques scènes de fiction structurent le documentaire (Isabelle PRUVOT incarne le personnage de Barbara, joué à l’époque par Anouk AIMÉE).
PÉRIOT Jean-Gabriel 200000 fantoms 2007
Jean-Gabriel PÉRIOT, qui a débuté comme monteur, utilise les archives dans beaucoup de ses films. « Dans Eût-elle été criminelle… Périot questionne la France de la Libération et l’image que nous voulons bien en garder. Dans Undo il s’essaie à rembobiner l’histoire de la civilisation jusqu’à Adam et Eve, alors que dans 21.04.02 il explore les flux d’images et de violences historiques qui ont amené à faire passer Jean-Marie Le Pen au second tour des élections présidentielles. » (https://upopi.ciclic.fr/voir/les-courts-du-moment/200-000-fantomes-de-jean-gabriel-periot). Tout comme 21.04.02 ou encore Dies Irae, 200000 fantoms utilise des archives photographiques centrées sur le « A-Bomb Dome », nom d’un ancien centre d’affaires japonais qui est le seul bâtiment à être resté debout dans l’entourage du lieu de l’explosion du 6 août 1945. Le film retrace l’histoire de la ville d’Hiroshima, de 1914 à 2006.
JACKSON Peter Get Back E01 2021
Cette « série » (en fait un film de 7h50 découpé en trois parties), réalisée par Peter JACKSON, semble se contenter de monter, dans l’ordre du tournage (demeure néanmoins la question des archives sonores dépourvues d’images, et pour lesquelles il a fallu trouver des images « alternatives »), des archives tournées en janvier 1969 en 16mm par le réalisateur Michael LINDSAY-HOGG, qui en avait tiré en 1970 un film un peu lapidaire (Let it Be) défendant une thèse un peu forcée, celle de la mésentente totale entre les membres du groupe. Les images et les sons sont ici très travaillés (débarrassés des scories et marques du temps), et livrés sans commentaires audio (quelques commentaires écrits cependant).
JOHNSON Christian and MAHER Steve The great Martian war 2014
Court-métrage « rétrofuturiste » en noir et blanc réalisé par deux anglais de Manchester, Christian JOHNSON et Steve MAHER. Le film, qui combine des archives de la première guerre mondiale avec des fausses archives recrées et des images de synthèse (notion de « mashup »), a été originellement diffusé sur la chaîne de télévision européenne History Channel à l’occasion du centenaire du début de ce conflit majeur. La chaîne a aussi pour l’occasion conçu un jeu Android de style « infinite runner » dans lequel on doit courir et esquiver des barbelés, tirs d’obus, champs de mine mais aussi des extra terrestres.
6: FILMER LES GENS, FILMER LE MONDE
KIAROSTAMI Abbas Ten 2002
La question de la « fiction documentaire » : https://www.critikat.com/ panorama/analyse/ten/
1987 – Où est la maison de mon ami ?
1990 – Close-Up
1994 – Au travers des Oliviers
1996 – Le Goût de la Cerise
1999 – Le vent nous emportera
2002 – Ten
2017 – 24 Frames
ROUCH Jean, BRAULT Michel, MORIN Edgar, Chronique d’un été, 1961
« Manifeste du cinéma-vérité qui veut surmonter l’opposition entre le cinéma romanesque et le cinéma documentaire, le film se propose de présenter une enquête cinématographique sur la vie et les opinions d’un grand nombre d’individus représentatifs de tous les niveaux de l’échelle sociale, abordés dans les rues de Paris. » (WIKI)
Marceline Loridan-Ivens est une scénariste, réalisatrice, productrice et écrivaine française. Elle est une survivante de la Shoah, et compagne de déportation de Simone VEIL.
1958 : Moi un noir (Prix Louis-Delluc 1958)
1961 : La Pyramide humaine
1961 : Chronique d’un été, coréalisé par Edgar MORIN (Grand prix de la semaine de la critique au festival de Cannes 1961).
1965 : La Chasse au lion à l’arc (Lion d’or au festival de Venise 1965)
1974 : Cocorico Monsieur Poulet
PERRAULT Pierre BRAULT Michel CARRIÈRE Marcel Pour la suite du monde 1963
Œuvre pionnière du cinéma direct (caméras portatives, en particulier la 16 mm Éclair-Coutant, et naissance du son synchrone – avec le Nagra), il s’agit de la reconstitution d’une pèche aux marsouins, abandonnée depuis 1924. Film quasi mythologique (le marsouin est la bête fabuleuse), il s’agit aussi de capter une langue – aujourd’hui disparue – de l’Île-aux-Coudres. Michel BRAULT a déjà tourné Les Racketteurs, fameux court métrage déjà pionnier du son direct. C’est Marcel CARRIÈRE, ingénieur du son, qui met au point cette technique de prise de son synchrone (dès Les Racketteurs). On confond le plus souvent cinéma direct et cinéma vérité; « il s’agit de saisir sur le vif la réalité et de refuser les artifices du scénario, de l’interprétation professionnelle, de la mise en scène, des truquages, du travail en studio. Le cinéma-vérité, c’est celui de la reproduction la plus fidèle possible d’une réalité vivante et saignante » (https://www.erudit.org/fr/revues/sequences/1963-n34-sequences1147934/51907ac.pdf)… C’est, en France, Jean ROUCH, Mario RUSPOLI et Chris MARKER ; en Italie, Vittorio de SETA et Francesco ROSI ; aux Etats-Unis, Robert DREW, Richard LEACOCK et les frères MAYSLES ; au Canada, Michel BRAULT et Pierre PERRAULT donc.
PERRAULT
1962 : Pour la suite du monde (coréalisation avec Michel BRAULT)
1967 : Le Règne du jour
1968 : Les Voitures d’eau
1970 : Un pays sans bon sens!
1971 : L’Acadie, l’Acadie?!? (coréalisation avec Michel BRAULT)
1975 : Un royaume vous attend
1976 : Le Retour à la terre
1977 : Le Goût de la farine
1982 : La Bête lumineuse
1994 : Cornouailles
BRAULT
1958 : Les Raquetteurs, coréalisé avec Gilles GROULX
1961 : Chronique d’un été de Jean ROUCH et Edgar MORIN (collaboration de Michel BRAULT)
1961 : La Lutte, coréalisé avec Claude FOURNIER, Marcel CARRIÈRE et Claude JUTRA
1962 : Les Enfants du silence
1963 : Pour la suite du monde, coréalisé avec Pierre PERRAULT
1964 : Geneviève
1964 : Le Temps perdu
1967 : Entre la mer et l’eau douce
1971 : L’Acadie, l’Acadie?!?, coréalisé avec Pierre PERRAULT
1991 : Montréal vu par…
1992 : Shabbat Shalom!
1994 : Mon amie Max
DREW Robert et PENNEBAKER D.A et LEACOCK Richard (anglais) Crisis 1963
Il s’agit pour le cinéaste, (KENNEDY avait apprécié le travail réalisé dans Primary 3 ans auparavant), de suivre de l’intérieur le refus, par le gouverneur d’Alabama, George WALLACE, d’inscrire deux étudiants noirs à l’université de Tuscaloosa. 5 équipes de tournage vont suivre au plus près cette crise et en suivant pendant quelques jours les trois protagonistes principaux (les deux frères KENNEDY et le gouverneur républicain). La société DREW Associates avait de gros problèmes financiers; si le film a sauvé l’entretrise, PENNEBAKER et LEACOCK ont pris alors leur liberté pour réaliser leurs propres films. Ils créent ensemble la Leacock Pennebaker Inc.
PENNEBAKER
1967 : Dont Look Back
1968 : Monterey Pop
1973 : Ziggy Stardust and the Spiders from Mars
1986 : Jimi Plays Monterey
1993 : The War Room
DREW
1960 : Primary
1960 : Yanki No!
1963 : The Chair
1963 : Crisis: Behind a Presidential Commitment
MAYSLES David et Albert et ZWERIN Charlotte Salesman (prologue et seq1) 1969
Le film suit quatre représentants en bibles suivis pendant deux mois dans leur porte-à-porte, de Webster, dans le Massachusetts, à Opa-Locka, en Floride. Principalement dans les milieux défavorisés des banlieues résidentielles (chomeurs, émigrés, petits employés, femmes au foyer). Ce film très intime se centre en particulier sur le personnage de Paul (« L’embobineur »), en pleine crise personnelle, et constitue une véritable mise à nue, à la fois crue et compatissante.
1966 : A Visit with Truman Capote
1966 : Meet Marlon Brando
1969 : Salesman
1970 : Gimme Shelter (https://youtu.be/FfRU8Gp0H7E?feature=shared)
1975 : Grey Gardens
1978 : Running Fence
1990 : Christo in Paris
1994 : The Beatles: The First U.S. Visit (vidéo)
2001 : LaLee’s Kin: The Legacy of Cotton (TV)
PHILIBERT Nicolas La Ville Louvre 1990
Le réalisateur, appelé au début par le musée pour documenter l’accrochage de quelques grandes toiles de Charles LE BRUN (une des premières séquences du film), se rend compte que Le Louvre est alors en pleine transformation (construction de la grande pyramide, creusement des galeries souterraines, déplacement d’œuvres, déménagement du Ministère des finances…). « J’avais repéré la petite porte par laquelle les ouvriers du chantier entraient dans le musée, et le lendemain donc, on a pris un air dégagé et on est s’est glissés à l’intérieur avec la caméra, le pied et tout le matériel. Je suis donc revenu le lendemain, le surlendemain, le jour d’après… et ainsi de suite pendant presque trois semaines, avec une toute petite équipe, aussi discrètement que possible : nous n’avions pas l’ombre d’une autorisation ! Nous devions constamment jouer à cache-cache avec l’administration pour ne pas nous faire repérer. C’était très excitant ! Par chance, dans les espaces où on tournait, les salles en cours d’aménagement, tout le monde nous avait à la bonne. Chacun devait supposer que si nous étions là, nous y étions autorisés. Et puis j’avais deux anges gardiens : Serge LALOU, qui faisait ses premiers pas comme producteur à mes côtés, et Dominique PAÏNI, à l’époque responsable du service audiovisuel du musée. L’un et l’autre m’encourageaient à continuer.
Naturellement je n’avais pas le moindre financement. J’ai donc suspendu le tournage et monté un bout à bout d’une heure qui donnait déjà une petite idée de ce que serait le film, avec lequel Serge et moi sommes partis à la recherche de coproducteurs. Thierry GARREL pour La Sept (une préfiguration d’ARTE) et Guy MAXENCE pour Antenne 2 (France 2 aujourd’hui) furent aussitôt partants. Parallèlement, Dominique PAÏNI alla trouver Michel LACLOTTE, le directeur du Louvre, lui avoua tout, et parvint à le convaincre de venir voir ce premier montage, qui n’en était pas vraiment un. Séduit à son tour, Michel LACLOTTE décida avec mansuétude de me laisser poursuivre. Je lui dois une reconnaissance éternelle.
(…) Nous sommes donc repartis de plus belle dans les entrailles du Louvre, non seulement avec les autorisations requises mais avec la certitude, cette fois, de ne pas travailler dans le vide. Nous y resterons près de 5 mois, à raison de deux jours par semaine. Dés que la porte d’un atelier s’entrouvrait, on se glissait à l’intérieur… Nous avions une totale liberté de mouvements, et mises à part les rondes de nuit ou les incursions dans les réserves, nous n’étions jamais accompagnés ». (http://nicolasphilibert.fr/)
1978 : La Voix de son maître (co-réalisé avec Gérard Mordillat)
1990 : La Ville Louvre
1992 : Le Pays des sourds
1995 : Un animal, des animaux
1997 : La Moindre des choses
2002 : Être et avoir
2010 : Nénette
2013 : La Maison de la radio
2023 : Sur l’Adamant
2024 : Averroès & Rosa Parks
PHILIBERT Nicolas Le pays des sourds 1992
« En 1983, j’avais été contacté par un groupe de psychiatres pour participer à l’élaboration d’un film pédagogique sur la langue des signes. Comme je ne connaissais rien au monde des sourds, je suis allé m’inscrire à un cours de langue des signes, dispensé par un jeune professeur, lui-même sourd profond. Ce fut un vrai choc ! Jusqu’ici, je voyais les sourds comme des handicapés, un point c’est tout. Et voilà que je me trouvais devant un homme d’une richesse d’expression tout à fait exceptionnelle, une sorte d’acteur-né, capable de faire passer par les seuls mouvements de ses mains et les expressions de son visage toutes les nuances de la pensée. (…)
En découvrant la beauté de la langue des signes, l’étendue incroyable de ses possibilités, en découvrant aussi l’importance du visuel chez les sourds, l’acuité de leur regard, l’extraordinaire mémoire visuelle dont ils sont capables, j’ai commencé à me dire qu’un film sur les sourds serait de nature à « travailler » la matière même du cinéma, puisqu’il s’agit d’une langue où chaque mot, chaque idée se traduit par des images tracées dans l’espace… J’ai alors écrit un scénario de fiction, mais après diverses péripéties, je n’ai pas réussi à en trouver le financement et je suis finalement passé à autre chose. Mais en 91, l’idée est remontée à la surface, non plus cette fois sous la forme d’une fiction mais d’un documentaire, ou disons d’un film qui raconterait de vraies histoires, avec de vrais personnages. » (http://nicolasphilibert.fr/)
CAVALIER Alain Portraits (la souffleuse de verre) 1991
Le célèbre réalisateur signe deux séries de 12 portraits de femmes (en 1987 et en 1991). Il s’agissait alors pour lui d’ « archiver le travail manuel féminin ». Voici ce qu’il en dit lui-même sur la jaquette de l’édition DVD : « Ces portraits sont des rencontres que je voudrais garder de l’oubli, ne serait-ce que pendant les quelques minutes où elles sont devant vous. Ce sont des femmes qui travaillent, qui font des enfants et qui, en même temps, gardent un esprit d’indépendance. J’ai tourné vingt-quatre portraits de treize minutes. J’ai choisi cette courte durée pour plusieurs raisons : ne pas ennuyer, échapper à toute coupure publicitaire, réaliser le film vite, dans un élan et sans trop de ratures. Je ne suis pas un documentariste. Je suis plutôt un amateur de visages, de mains et d’objets. Rendre compte de la réalité ne m’attire pas. La réalité n’est qu’un mot, comme sa sœur jumelle, la fiction, que je pratique par ailleurs, avec un plaisir différent. »
AKERMAN Chantal No Home movie 2015
Dernier film (documentaire) de la cinéaste belge, sur sa mère rescapée d’Auschwitz, tourné avec une petite caméra DV et un smartphone sur plusieurs années. Son cinéma a influencé de nombreux cinéastes qui se réclament de sa démarche (Gus Van SANT ou Michael HANEKE par exemple). Cinéaste féministe qui s’intéresse à la vie des femmes et développe un cinéma parfois minimaliste, formaliste, expérimental. « Chantal Akerman, c’est également la tension entre documentaire et fiction. ’S’il ne s’y glisse pas une part d’invention, alors ce n’est pas un documentaire’, déclare-t-elle dans son Autoportrait en cinéaste. On retrouve cette même tension entre réel et fiction dans son rapport au temps, elle qui méprisait le réalisme, mais tenait cependant à faire sentir le passage du temps : une notion qui dicte le montage, jusqu’à nous mettre comme devant le temps lui-même. » (Émission France Culture du 21/01/2021).
1972 : La Chambre
1972 : Hôtel Monterey
1974 : Je, tu, il, elle
1975 : Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles (Jeanne Dielman de Chantal Akerman a été élu meilleur film de tous les temps, selon Sight and Sound en 2022)
1977 : News from Home
…
HATTU Jean-Pascal À la vie, à la mort (émission Striptease) 2002 (démarrer à 7:26)
Émission créée par la RTBF en 1985, puis co-produite par Canal + de 1987 à 1992, sur France 3 jusqu’en 2012 puis sur RMC jusqu’en 2019. Au total, plus de 400 sujets seront réalisés. La marque de fabrique de cette série, c’est l’immersion, l’absence de voix-off, l’absence de musique, le montage « minimaliste ». Plus de 250 épisodes sont visibles sur le site de la RTBF : https://www.rtbf.be/auvio/emissions/detail_strip-tease?id=16566.
LIFSHITZ Sébastien Les Invisibles (1h55) 2012
L’avis de tënk : « Le dispositif est simple : face caméra ces hommes et femmes, homosexuels, nés dans l’entre deux-guerre, racontent une histoire commune. Rien ne les unit sinon ces années passées dans l’ombre, quand il était impossible d’assumer pleinement leur sexualité. De leurs récits, le cinéaste tire une matière drôle et touchante. Présenté à Cannes en 2012, « Les Invisibles » marque une étape dans l’évolution du regard de notre société et s’impose comme un grand film politique. »
Pour Télérama, le réalisateur déclare : « J’ai tenu à la filmer, comme tous les autres intervenants du film, chez elle, installée à sa table. J’appelais ça les “plans de table” parce que, pour moi, une maison se structure autour d’une table, l’endroit où l’on mange, où l’on parle, où l’on travaille… Il était important d’inscrire des gens comme Monique dans leur propre décor et de ne pas les installer dans un studio comme si on les avait posés là de manière arbitraire. Tout ce qui les entoure, leur espace, leurs objets, parle autant qu’eux. J’ai aussi essayé d’obtenir une parole spontanée, ni travaillée, ni répétée. Ce que Monique dit là, elle le dit pour la première fois. ».
Tourné avec la Caméra Sony F3, optiques série Zeiss Go T1.3 Distagon PL : « Sébastien a fait le choix radical de tourner au format cinémascope pour pousser les témoignages et les paysages du côté de la fiction. Nous avons également tenu à travailler le plus souvent la caméra sur pied dans un souci récurrent de fixité. Et enfin nous avons choisi de filmer avec une série d’objectifs à focale fixe par souci de retrouver des distances et des présences humaines équivalentes d’un personnage à l’autre, d’un lieu à un autre. C’est l’humain, qui avant tout nous a guidé. » (Antoine PAROUTY, chef-opérateur, pour l’Obs).
1996 : Claire Denis, la vagabonde (documentaire)
2001 : La Traversée (documentaire)
2006 : Les Témoins (série de trois documentaires)
2012 : Les Invisibles (documentaire)
2013 : Bambi (documentaire)
2016 : Les Vies de Thérèse (documentaire)
2019 : Adolescentes (documentaire)
2020 : Petite Fille (documentaire)
2021 : Bambi, une nouvelle femme (documentaire)
2021 : Garçons Sensibles (documentaire)
2022 : Casa Susanna (documentaire)
2023 : Madame Hofmann (documentaire)
GUEERBRANT Denis Et la Vie (1h35) 1991
Le 7 janvier 2022 est sorti l’ouvrage : « Denis Gheerbrant et la vie »
sous la direction de Antony FIANT et Isabelle LE CORFF : De Un printemps de square (1981) à Avant que le ciel n’apparaisse (2021) en passant par Et la vie (1991) ou Le Voyage à la mer (2001), Denis GHEERBRANT a su tracer un chemin bien singulier et sans concession au sein du cinéma documentaire français.
En quarante ans et près d’une vingtaine de films, il n’a eu de cesse de tisser des liens très étroits entre le cinéaste-filmeur solitaire qu’il est, les vies rencontrées et les spectateurs dont la place est constamment envisagée comme un rouage essentiel. En travaillant ces trois pôles, son geste de documentariste s’est construit par une patiente attention aux autres pour former un cinéma de la proximité qui n’en demeure pas moins politique. » (https://warm-ed.fr/cat/livres/cinema/denis-gheerbrant-la-vie/); Il se définit comme le « personnage caméra ».
« C’était le premier film où j’étais à la fois réalisateur, directeur photo et monteur. J’ai tourné seul, sans assistants, ce qui implique que la rencontre avec les gens est partie intégrante du tournage. Ce film n’a pas un thème unique; il s’ouvre sur une rencontre spontanée avec un homme qui tient un manège, à qui j’ai demandé si je pouvais le filmer et on y trouve un SDF, une sage-femme, des jeunes au chômage, des retraités, un petit voleur marseillais, un ouvrier. Ce qui a déterminé les rencontres et ce qui est resté dans le film, c’est un art de la rencontre par la parole. C’est de montrer comment la parole, qui est quelque chose d’important, se gagne (…). Tout mon travail consiste à chercher à comprendre comment la parole arrive, pourquoi elle arrive et à quel moment elle arrive. D’où elle sort. Ce qui fait qu’à l’intérieur d’une même séquence, il peut y avoir plusieurs semaines entre chaque prise, chaque plan. J’ai regardé les rushes, ce qui m’a permis de réfléchir, et à la parole de la personne que j’ai filmée de décanter. Je retourne ensuite la voir pour une deuxième, une troisième fois, et ainsi de suite. Ma caméra n’est plus alors une caméra-stylo, mais une sorte de caméra-divan. Je dis cela tout en étant prudent, car mon objet n’est pas celui d’un psychanalyste. Je ne prétends pas révéler aux gens leurs traumatismes, leur scène primitive, ce n’est pas ça qui m’intéresse. Il s’agit avant tout de partage. » (https://www.erudit.org/fr/revues/images/2011-n152-images1820534/65043ac.pdf)
1994 : La vie est immense et pleine de dangers, 80 min
1995 : Un printemps de cinéma, 23 min
1998 : Grands comme le monde, 90 min
2001 : Lettre à Johan van der Keuken, 30 min
2001 : Le Voyage à la mer, 87 min
2004 : Après, un voyage dans le Rwanda, 100 min
2009 : La République Marseille
2019 : Mallé en son exil
2021 : Avant que le ciel n’apparaisse, coréalisatrice Lina Tsrimova, 85 min
2022 : La Colline, coréalisatrice Lina Tsrimova
VAN DER KEUKEN Johan Quatre murs 1965 (https://dai.ly/x8mn31u)
Réalisateur et photographe néerlandais né en 1938, à la frontière entre le documentaire et l’expérimental. « Il réalise plus d’une cinquantaine de film. « Un moment de silence », officiellement son premier film, réalisé en 1960, ouvre sa filmographie et annonce tout son cinéma à venir : des récits fragmentaires dont l’agencement bouscule les règles du montage traditionnel. Une caméra faite œil, un corps caméra, un cinéma physiologique qui enregistre ce qui l’entoure et le restitue dans le flot des images par le prisme de la pensée ». (TËNK)
1957 : Paris à l’aube, 10 min
1963 : Un Moment de silence (Even stilte), documentaire 10 min
1964 : L’Enfant aveugle (Blind kind), documentaire, 24 min
1965 : Beppie, 38 min
1966 : L’Enfant aveugle 2 (Herman Slobbe / Blind Kind II), 29 min
1968 : L’Esprit du temps (De tijdgeest), documentaire, 42 min
1970 : Beauty (de Schoonheid), 25 min
1986 : I love $, 145 min, prix Josef von Sternberg, Allemagne
1986 : La Question sans réponse (The Unanswered Question), 18 min
1988 : L’Œil au-dessus du puits (Het oog boven de put), 90 min, grand prix, Festival du Film de Bruxelles
1993 : Cuivres débridés, à la rencontre du swing (Bewogen koper), documentaire
1994 : Lucebert, temps et adieux (Lucebert, tijd en afscheid), 52 min, Grand prix de la biennale du film sur l’art, Paris
1994 : On Animal Locomotion, 15 min
1996 : Amsterdam Global Village, 228 min, Prix Grolsch, Grand prix au Munich Documentary Film festival2
2000 : Vacances prolongées (De grote vakantie), 145 min, Silver spire award winner, San Francisco ; Grand prix, Visions du réel, Nyon
2002 : Présent inachevé (Onvoltooid tegenwoordig), 10 min
WANG Bing À l’ouest des rails (9h11) 2003
Une exposition de photographies et d’installations de Wang BING s’est tenue du 14 janvier au 26 février 2022 (https://galerie-art-et-essai.univ-rennes2.fr/wang-bing-a-la-trace-wang-bing/) à la galerie Art & Essai de Rennes 2.
Wang BING signe ici son premier film, en 4 volets (parfois en 3 parties, en tout cas plus de 9 heures) le lente agonie d’un gigantesque complexe industriel (jusqu’à 1 million d’ouvriers en 1990). Il a tournée seul plus de 300 heures de rushes avec une caméra mini-DV numérique 3CCD Panasonic empruntée à un ami. « « Le microscope sert à regarder l’infiniment petit, le télescope à regarder l’infiniment grand et le cinéma à regarder l’infiniment moyen », déclarait récemment Godard. Voilà l’œuvre qu’accomplit A l’ouest des rails : regarder l’infiniment moyen. » (https://www.lesinrocks.com/cinema/a-louest-des-rails-31284-01-01-2003/)
« En Europe, le film enclenche la révolution du numérique. Caroline CHAMPETIER, grande chef opérateur du cinéma français, jusque là intéressée exclusivement par la pellicule argentique, se renseigne sur la caméra utilisée par Wang BING. Il apparait aussi alors que le numérique permet non seulement de filmer la sphère de l’intime mais aussi de créer un monument à soi tout seul. Il permet la monté en puissance du documentaire où l’on peut tourner plus et prévoir moins. La modernité du médium apparait aussi paradoxalement comme un moyen de se tourner vers la saisie des traces du passé. » (https://www.cineclubdecaen.com/realisateur/wang/wangbing.htm)
2003 : À l’ouest des rails (铁西区,, Tiě xī qū)
2007 : Fengming, chronique d’une femme chinoise (和凤鸣, Hé Fèngmíng), film sorti en 2012 en France
2009 : L’Homme sans nom (无名者) (documentaire sur un homme vivant en marge de la société, dans une campagne chinoise)
2010 : Le Fossé (夹边沟, Jiābiāngōu), film sorti en 2012 en France
2012 : Les Trois Sœurs du Yunnan (三姊妹, Sān zǐmèi), film évoquant la vie extrêmement difficile de trois jeunes sœurs dans la province du Yunnan ; présenté à la Mostra de Venise 2012
2013 : À la folie (瘋愛, Fēng ài) (documentaire sur un hôpital psychiatrique où vivent une cinquantaine d’hommes enfermés)
2014 : Traces (Yizhi) (court métrage documentaire)6
2017 : Mrs. Fang (方绣英, Fāng Xiùyīng)
2018 : Les Âmes mortes (死靈魂, Sǐ línghún)
2024 : Qīngchūn: Guī (青春:归)
WANG Bing Les 3 sœurs du Yunnan (2h30) 2012
La vie quotidienne de 3 sœurs (10 ans, 6 ans et 4 ans) qui vivent seules dans la région montagneuse du Yunnan, alors que leur père travaille à des centaines de kilomètres. Il s’agit d’abord d’une rencontre fortuite (le cinéaste se rendait sur la tombe d’un ami disparu). « Rester avec les gens, passer du temps avec eux est le seul moyen de comprendre leur vie. Il n’y en a pas d’autre. » Wang BING, Alors, la Chine, Entretien avec Emmanuel BURDEAU et Eugenio RENZI, Les prairies ordinaires, 2014, p144). Wang BING tourne plus de 200 heures de rushes (pour 2h30 de film) : « Moi, ce que j’aime, c’est la totalité : je n’aime pas les plans coupés courts. J’aime voir dans un film la richesse de la vie de chacun, la richesse de ses changements, et je veux que le public puisse avoir accès à cet ensemble, pas seulement à des bribes, des fragments de vie. » (Longue (dé)marche, entretien avec Wang BING réalisé par Justine ROCHOT et Gabriel BORTZMEYER pour la revue Débordements.
SCHAAN Mélanie et LECONTE Corentin Akeji, le souffle de la montagne 2018
Film produit par .Mille et Une. Films (Rennes), qui décrit la vie d’un couple d’ermites. Akeji est un artiste contemporain de renom descendant d’une lignée de samouraï, initié à l’art sacré du thé, du sabre et de la calligraphie. Les réalisateurs ont passé 4 mois sur place (1 mois par saison). Comme le dit la réalisatrice, le documentaire est un film sur un couple fait par un couple (l’un au son, l’autre à l’image – ils échangeaient régulièrement). La NHK – télévision publique japonaise – a avait dû précédemment interrompre un tournage car trop intrusive. Sélectionné dans de nombreux festival (FIPADOC – Compétition française, Doc Aviv, les Rencontres documentaires de Mellionnec, États Généraux de Lussas 2021, Ecrans documentaires d’Arcueil, Traces de vies), le film reçoit le Prix du meilleur essai du 39e FIFA de Montréal en mars 2022.
LANZMANN Claude Shoah(9h30) 1985
Tourné sur 5 ans (1976/1981), le film d’une durée d’à peu près 10 heures va changer la façon dont on avait jusqu’ici appréhendé le processus d’extermination des juifs d’Europe pendant la seconde guerre mondiale. Le parti-pris est radical : faire témoigner ceux qui ont directement ou indirectement participé à cette extermination (ainsi que quelques détenus rescapés), et filmer les vestiges des camps. Sorti en 1985, le film aura un César d’Honneur en 1986 (un des 13 prix reçus par le réalisateur pour ce film) et bénéficie d’une réelle fortune critique, même si le succès public ne fut pas au rendez-vous. 3 des 6 nazis interviewés le furent avec une caméra cachée, la paluche Aäton créée par Jean-Pierre BEAUVIALA.
1967 : Sartre inédit, coréalisé avec Madeleine Gobeil-Noël56.
1972 : Pourquoi Israël
1985 : Shoah
1994 : Tsahal
1997 : Un vivant qui passe
2001 : Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures
2008 : Lights and Shadows
2010 : Le Rapport Karski
2013 : Le Dernier des injustes
PIANELLI Alexandra Le Kiosque 2020
Plasticienne, Alexandra PIANELLI est aussi fille et petite fille de kiosquières. Elle s’est elle-même installée dans le kiosque pour gagner sa vie après ses études (Arts décoratifs de Strasbourg) et y est finalement restée 6 ans. Elle a enregistré, de cette « fenêtre » ouverte sur la rue, place Victor Hugo à Paris, sa vie quotidienne de marchande de journaux, avec une Go-Pro sur la tête et un iPhone 4. Finalement, 90% du son sera celui de l’iPhone, ainsi que la majorité des images. Le film est surtout un défilé de clients devenus des proches, voire des amis : Damien le SDF, Marcel et ses costumes, Mariouch l’amateur de pâtisseries, Aliénor la petite danseuse, Christiane et ses fourrures, Islam le Bengalis, Madame Pioupiou… et la maman d’Alexandra.
À propos de film réalisé dans un espace confiné : Lift de Marc ISAAC, 2001 (24 minutes) (https://youtu.be/FJNAvyLCTik?feature=shared&t=453)
GORDON Douglas et PARRENO Philippe Zidane un Portrait du XXIème siècle (fin) 2006
Le film, c’est d’abord une approche de 5 ans avant que le footballeur accepte. Les deux réalisateurs sont des artistes (écossais et français) qui ont déjà travaillé ensemble (2000 : Vicinato II, vidéo). Film tourné en temps réel avec 17 caméras HD, 16mm et Super 35mm, lors d’un match de championnat opposant le Real Madrid et Villarreal, le 23 avril 2005, et qui donnera lieu à une installation (les réalisateurs sont des plasticiens – français et écossais) et à un film d’1h30. C’est aussi 9 mois de montage par Hervé SCHNEID, monteur du film Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain ou de Delicatessen. La musique originale est signée par le groupe écossais Mogwai.
Ce dispositif a un précédent, le film Fußball wie noch nie (« le football comme jamais auparavant »), documentaire tourné en 1970 par le réalisateur allemand Hellmuth COSTARD, consacré au Nord-Irlandais George Best, pilier de Manchester United, avec huit caméras 16mm.
7: CONCLUSION
Année 2024 Frederick WISEMAN, cinéaste critique de la société et des institutions américaines. Voir l’émission TRACKS qui lui est consacrée en 2017 (https://youtu.be/pv4W9RQuldI?feature=shared).
1967 : Titicut Follies, 84 min, hôpital pour aliénés criminels de Bridgewater (Massachusetts).
1968 : High School, 75 min, une école supérieure de Philadelphie.
1969 : Law and Order, 81 min, dans un commissariat de police à Kansas City.
1970 : Hospital, 84 min, le Metropolitan Hospital de New York.
1973 : Juvenile Court, 144 min, le tribunal pour mineurs de Memphis, Tennessee.
1974 : Primate, 105 min, sur les expérimentations d’un centre de recherches, sur les singes de Yerkes.
1975 : Welfare, 167 min, sur le centre d’aide sociale de Waverly à New York.
1976 : Meat, 113 min, sur l’élevage de masse des bœufs pour la consommation de viande, et l’abattoir, jusqu’au hamburger dans une immense entreprise du Colorado.
1977 : Canal Zone, 174 min, les résidents militaires et civils américains au Canal du Panama, sous contrôle américain.
1979 : Manœuvre, 115 min, les manœuvres américaines de l’OTAN en Allemagne.
1980 : Model, 129 min, l’agence de mannequins Zoli à New York.
1983 : The Store, 118 min, la vie du grand magasin Neiman-Marcus de Dallas.
1985 : Racetrack, 114 min, le champ de courses de chevaux de Belmont.
1987 : Missile, 115 min, des officiers du Strategic Air Command apprennent le lancement des missiles.
1989 : Central Park, 176 min, la vie et la place du célèbre jardin de New York.
1992 : Zoo, 130 min, le zoo de Miami.
1994 : High School II, 220 min, un lycée pilote de Spanish Harlem à New York..
1995 : Ballet, 170 min, le travail de l’American Ballet Theater de New York et ses tournées à Athènes et Copenhague.
1996 : La Comédie-Française ou l’Amour joué, 223 min, dans les coulisses de la Comédie-Française.
1999 : Belfast, Maine, 248 min, sur la vie de toute une ville et une région.
2001 : Domestic Violence, 196 min, un centre d’accueil à Tampa (Floride) de femmes battues.
2004 : The Garden, 196 min, sur le Madison Square Garden, célèbre salle polyvalente de Manhattan. Il semble qu’une affaire juridique soit en cours, à propos de ce film5.
2009 : La Danse, le ballet de l’Opéra de Paris, 158 min, les répétitions et les spectacles de sept ballets, et le travail des administrateurs, chorégraphes, maîtres de ballet, danseurs, musiciens, costumiers et techniciens de plateau.
2011 : Crazy Horse, 134 min, sur les coulisses du cabaret parisien et la revue créée par Philippe Decouflé.
2013 : At Berkeley, 244 min, sur l’Université Berkeley en Californie.
2014 : National Gallery, 174 min, sur la National Gallery de Londres.
2015 : In Jackson Heights, 190 min, un quartier populaire et métissé de New York.
2017 : Ex Libris: The New York Public Library, 197 min, film sur la Bibliothèque publique de New York (NYPL).
2020 : City Hall, 272 min, film sur la vie et le fonctionnement de la mairie de Boston
2023 : Menus-Plaisirs – Les Troisgros
J’évoque pour terminer deux films qui me tiennent (d’une façon très personnelle) à cœur : un film essai, entretien que j’ai mené et filmé avec Peter GREENAWAY (un film en 4 couleurs, 1992, 26 mn) et Patrick et Sylvie de Maurice FAILEVIC, 1972, 59 mn.